Prologue, Page 3

Contrairement aux humains, les soldats géants n'avaient pas de problèmes concernant leur population. Ils n'avaient jamais été très nombreux sur Scia, et luttaient avant tout pour la paix et pour la vie. « Ils vont tout détruire, dit Garfiew de sa puissante voix distincte.

-        Qu'ils essaient, je compte bien voir ce qu'ils ont inventé cette fois-ci. »

Ils attendirent quelques minutes, regardant les robots volants foncer vers les gens qui hurlaient. Il était bientôt dix heures, les jeunes humains qui étaient encore censés avaient peur. « Je me rappelle, dit Zaneist, qu'ils avaient propagé un deuxième virus détruisant le premier. Cela n'avait pas marché, mais au moins, les humains avaient eu un peu d'espoir.

-        Leur folie de vouloir l'immortalité...

Garfiew souffla avec dégout.

-        Je n'aurai jamais pensé que l'esprit humain soit si faible. Combien sont-ils maintenant ?

-        Environ quatre-vingt-dix milliards.

-        Pitoyable. Mais... au fait... »

Garfiew sortit de sa poche une petite montre qu'il tenait entre deux doigts. Il était neuf heures cinquante-huit. « Tu te sers encore de cette vieille petite pendule, s'étonna Zaneist en rigolant.

-        En cinq-cents ans, l'homme n'a plus rien fait de mieux. »

Le géant à l'armure bleue continuait de regarder les secondes passer. Il rangea l'objet quand la grande aiguille fut passée à cinquante-neuf. « J'espère qu'ils seront à l'heure, ces humains, critiqua l'autre en se frottant les cheveux avec une de ses mains.

-        Tu as raison. Je n'aimerais pas me préparer pour rien, moi aussi. »

Les deux soldats levèrent chacun d'eux leur massive épée, de façon à ce que le manche soit au niveau de leur tête. Ces manches étaient spéciaux. D'une incroyable complexité, il y était disposé des perles de toutes les couleurs. Après avoir marmonné quelques incantations, une sphère vint se former autour d'eux comme moyen de protection. Zaneist et Garfiew avaient baissé la tête, et attendaient, les yeux fermés.

***

Le professeur Ino se trouvait à son poste. Le bâtiment était si protégé qu'aucun être vivant n'y était autorisé. C'était le calme absolu, mis à part le bruit des puissants affrontements qui perçaient un peu à travers les épais murs du bâtiment. Il était devant un gigantesque aquarium qui avait été mis sous vide. L'homme se mit à rire, et ce, pour la première fois depuis des siècles. « Oui ! » cria-t-il en s'extasiant davantage.

La salle dans laquelle il se trouvait ne contenait, à part l'aquarium, qu'un gros ordinateur. Ino, qui avait finalement attrapé cette folie qui régissait à travers le monde, se dirigea vers les commandes. Une alarme retentie dans tout le laboratoire. Tout de suite après, les sirènes de la ville hurlaient. Il était dix heures. Ce fut du doigt de l'homme que partit la destruction du monde. Le professeur, avec impatience, activa la machine. « Porte Blanche ! Mets-toi en marche ! » Aussitôt qu'il avait tourné la clé dans le système de protection, un bourdonnement électrique gronda. Il y eut une minuscule explosion de lumière au centre du local en verre. Cette explosion, après s'être rétractée, ressemblait à un soleil. Rapidement, la boule d'énergie semblait tourner sur elle-même. D'abord avec légèreté et en sens unique, elle ne tarda pas à ressembler à un oursin flamboyant. Le professeur fermait les yeux et attendait.

En une quinzaine de secondes, le bourdonnement était recouvert d'un sifflement strident. D'un seul coup, la plus grande énergie jamais cumulée explosa dans tous les sens ! Il y eut un bruit terrible qui fragmenta tous les immeubles de la ville. La puissance électrique était si grande qu'elle traversait toutes les matières en les faisant disparaître. La réaction fut par la suite presque instantanée tellement sa vitesse était élevée.

Garfiew et Zaneist s'y étaient attendus. Ils intensifièrent leur bouclier pour y résister. L'explosion électrique parcourut le continent en cinq secondes. Il se propagea au reste du monde en quinze secondes. L'impulsion électrique continua encore des centaines de milliers de kilomètres dans l'espace. Quand la lumière se dissipa, il n'y avait plus rien. Scia avait disparu.

Cette puissante explosion électrique bouleversa le temps et l'espace. Ce 24 avril 3455 marquait le début du 19éme siècle sur la Terre. Il ne se passa rien d'étrange. La machine invisible était en marche, et au plus profond du ciel, on pouvait entendre, quelques fois, un très léger bourdonnement...